Ansys, Ingénierie, IA: Entretien avec Erke Wang et Matthias Hörmann

Dans la communauté Ansys mondiale, peu de noms sont plus connus que celui d'Erke Wang. Dans cet entretien, Erke Wang et Matthias Hörmann (tous deux directeurs techniques de CADFEM Allemagne) évoquent les liens étroits qui unissent Ansys et CADFEM, reviennent sur certains faits marquants, le rôle de l'IA et l'importance des écosystèmes.

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Erke, quand et comment avez-vous rejoint CADFEM?

EW: En 1988, le ministère chinois de l'ingénierie mécanique a voulu promouvoir l'échange de jeunes ingénieurs. C'est ainsi que je suis arrivé chez CADFEM. En fait, c'est Günter Müller qui est venu me chercher à l'aéroport de Munich-Riem. Le choc culturel entre Pékin et Grafing a été énorme. Néanmoins, dès mon premier jour au bureau, j'ai retrouvé des repères familiers : des ordinateurs DEC, un terminal Tektronix et Ansys 4.2. Je garde un souvenir imperissable de mon premier collègue, Peter Tiefenthaler, dont l'attitude bavaroise chaleureuse m'a été d'une aide précieuse. Je suis très reconnaissant à Ansys de m'avoir mis en contact avec tant de personnes fantastiques à travers le monde.

 

Depuis combien de temps connaissez-vous Ansys ?

EW: En 1984, j'étais ingénieur en simulation au centre informatique de Pékin et Ansys nous a choisis comme partenaire local. Cependant, à l'époque, pratiquement personne en Chine ne parlait anglais. J'ai donc traduit tous les manuels d'Ansys en chinois. C'est peut-être pour cette raison que je connais encore la plupart des commandes APDL, c'est-à-dire le langage de script d'Ansys. D'ailleurs, mon temps record pour la création d'une macro APDL Ansys (création de géométrie, maillage, résolution et post-traitement) pour une plaque avec un trou soumise à une charge de traction est de 29 secondes. Il convient toutefois de noter qu'à l'époque, un modèle comportant 1 000 éléments était considéré comme un grand modèle. Des éléments de poutre, de ressort, de masse, de 2D et de coque 3D ont tous été utilisés.

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Erke Wang avec John Swanson, l'inventeur des logiciels Ansys, lors de la CADFEM Conference, destinée aux utilisateurs | © CADFEM

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© CADFEM

Erke Wang (EW)

est né à Shanghai et a travaillé pour la première fois avec Ansys en 1984, qui ne l'a plus quitté depuis. En 1988, Erke est parti en Allemagne grâce à une bourse d'études et est rapidement devenu l'une des figures emblématiques de CADFEM. Depuis 2009, il est directeur technique au siège de CADFEM.

Matthias, quelles ont été vos premières impressions lorsque vous avez commencé à travailler avec Erke chez CADFEM ?

MH: J'ai passé les huit premiers mois au bureau CADFEM de Chemnitz, où je me suis familiarisé avec LS-Dyna et où j'ai approfondi mes connaissances sur les composites, qui étaient le sujet de mon doctorat. Lorsque j'ai rejoint le bureau de Grafing (siège), j'ai commencé à travailler quotidiennement avec Erke. Il m'impressionne toujours par ses connaissances et son enthousiasme pour Ansys et la technologie en général. Il est motivé par le succès de nos clients et a vraiment laissé son empreinte chez CADFEM. Enfin, la sagesse d'Erke sur certaines situations de la vie quotidienne continue de nous surprendre.

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Ils ont appris à se connaître et à s'apprécier très vite: Erke Wang et Matthias Hörmann. | © CADFEM
L'IA repose sur l'énorme quantité de données générées par l'ingénierie et embarque ainsi l'efficacité de la simulation à un niveau supérieur.
Erke Wang

Ansys existe depuis plus de 50 ans. Quelles sont, selon vous, les étapes clés de ce parcours ?

EW: Parler d'“étape clé” ne rend pas justice au dynamisme dont fait preuve Ansys. Par où commencer ? Ansys a toujours été une référence en matière de maillage automatisé, d'intégration CAO, de multiphysique, de simulation de systèmes, de calcul haute performance, d'interface Workbench - la liste est infinie. Des millions d'ingénieurs en bénéficient et sont en mesure de développer des produits plus rapidement, plus précisément et avec moins de ressources. Grâce à ses solutions et innovations pionnières, Ansys a contribué à ce que la transformation numérique de l'ingénierie soit plus avancée que dans d'autres domaines. Les prototypes virtuels basés sur la simulation représentent si bien la physique qu'ils sont supérieurs aux tests réels à tous égards, en particulier au cours du processus de développement. Ils permettent d'économiser du temps et de l'argent et favorisent l'innovation, car il est possible d'évaluer rapidement si une nouvelle idée fonctionne.

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CADFEM développe avec ses clients une gestion de bout en bout des processus de simulation et des données (SPDM) sur Ansys Minerva. | © CADFEM

MH: Un autre point remarquable est le nombre de domaines physiques couverts. Cela facilite l'utilisation stratégique de la simulation par les entreprises, tout comme la capacité à l'automatiser, à la personnaliser, à la démocratiser et à l'intégrer dans les processus de l'entreprise. Il n'y a pas d'échappatoire possible dans le cadre de la transformation numérique. Des partenaires certifiés tels que CADFEM apportent leur soutien lors de la mise en œuvre. Ansys a mis en place très tôt un réseau de partenaires à la fois tourné vers l'avenir et vers le client - une “étape clé”, en quelque sorte.

Qu'est-ce que l'avenir nous réserve selon vous ?

MH: Le thème de la durabilité est d'une importance capitale. L'ingénierie numérique basée sur la simulation a déjà accompli beaucoup en termes de préservation des ressources et d'amélioration du recyclage, mais elle peut et doit faire encore plus. Concrètement, l'ingénierie numérique contribue à la durabilité, ne serait-ce que par le nombre de prototypes qu'il n'est pas nécessaire de construire. L'effet est bien plus important lorsque l'empreinte écologique d'un produit, en particulier d'un produit de masse, peut être influencée dès la première phase de conception, par exemple en sélectionnant les matériaux sur la base de nombreux facteurs contributifs.

EW: L'une des opportunités réside dans l'IA. Nous pouvons constater que l'IA et le Machine Learning (ML) rapprochent la simulation vers un monde idéal équilibrant parfaitement le temps, l'effort et les résultats. L'IA repose sur l'énorme quantité de données générées par l'ingénierie et embarque ainsi l'efficacité de la simulation à un niveau supérieur. Le Machine Learning (ML) permettra aux entreprises d'accroître la précision des tests grâce à des mesures intelligentes et de réduire les tests en conditions réelles au strict minimum nécessaire.

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CADFEM développe notamment des solutions de simulation personnalisées pour ses clients. | © CADFEM

MH: Afin d'apporter une valeur ajoutée, toutes ces données doivent être claires, transparentes et cohérentes. Cela nous amène à la gestion des données de simulation et de processus (SPDM), dont la pertinence est massivement accrue par l'IA. SPDM est la base de l'automatisation et donc de la mise à l'échelle de la simulation. Les applications feront de la simulation une réalité pour chaque ingénieur. Grâce à la standardisation du langage de programmation pour les ingénieurs, Python est devenu une connaissance fondamentale pour eux. Les fournisseurs de logiciels tels qu'Ansys ont converti leurs API logicielles en Python, ce qui permet aux clients d'utiliser facilement le logiciel pour l'automatisation.

CADFEM impulse de nombreuses initiatives d'Ansys telles que Workbench, Digital Twin, IA et ML, ainsi que l'intégration d'applications et de produits comme optiSLang, Motion et Motor-CAD.
Matthias Hörmann

Comment les clients et le monde industriels réagissent-ils actuellement à des changements majeurs tels que l'IA ?

EW: Nous avons ressenti l'impact de l'IA lors de nos Conférences. Plus de 1 000 personnes ont assisté à notre table ronde Blueprint sur l'IA en juin, soit deux fois plus que d'habitude ! Le fait que la demande d'automatisation et de SPDM augmente en même temps montre que nos clients considèrent conjoitement ces deux sujets.

MH: Oui, l'intérêt pour l'IA est pressant, non seulement lors des événements, mais au sein de la communauté en général. Dans le même temps, nous nous demandons si notre expertise et nos compétences seront encore demandées à l'avenir. Je dis oui! En fait, peut-être plus que jamais. Cependant, la transparence, la compréhension et l'acceptation de nouvelles initiatives sont les clés du succès. Une évaluation conjointe du potentiel et des avantages est absolument essentielle. Cela permet non seulement d'identifier les avantages réels et de lancer des projets pilotes, mais aussi d'envoyer un message clair aux parties prenantes et aux employés de l'entreprise que tout le monde est concerné.

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L'intelligence artificielle rendra la simulation encore plus efficace. | © CADFEM

© CADFEM

Dr.-Ing. Matthias Hörmann (MH)

a décidé de rejoindre CADFEM en 2003 après avoir terminé son doctorat à l'Université de Stuttgart. Matthias a travaillé dans différents départements de l'entreprise. Il connaît CADFEM, la simulation et l'ingénierie numérique sous de nombreux angles. Il a été nommé au conseil d'administration en 2023.

Revenons à Ansys et CADFEM. Quel est le lien entre les deux ?

MH: Comme nous l'avons déjà mentionné, Ansys dispose d'un réseau de partenaires solide, proche de ses clients. CADFEM est le plus grand partenaire d'Ansys dans le monde et fait partie de la société depuis le tout début. Mais il y a bien plus qui nous relie.

EW: C'est exact. CADFEM possède une expertise dans l'ensemble du portefeuille Ansys. Notre support reçoit régulièrement les meilleures notes et notre programme de formation, qui comprend plus de 110 cours et eLearnings, est numéro un concernant les sujets CAE (Computing Assisted Engineering). Nos clients savent qu'ils peuvent compter sur CADFEM lorsqu'il s'agit d'Ansys mais aussi de SPDM, d'IA, de nouveaux domaines d'application et de tâches spécifiques. Ansys le sait également, c'est pourquoi l'éditeur nous recommande en tant que partenaire de distribution, de service et de technologie.

MH: Nous travaillons également ensemble avec Ansys. CADFEM impulse de nombreuses initiatives d'Ansys telles que Workbench, Digital Twin, IA et ML, ainsi que l'intégration d'applications et de produits comme optiSLang, Motion et Motor-CAD, pour n'en citer que quelques-unes. Nous en sommes fiers. A l'avenir, nous continuerons de façonner la simulation dans l'intérêt de nos clients.

EW: L'intégration de la technologie logicielle américaine, de la précision allemande et de la générosité bavaroise a donné naissance à un partenariat durable et empreint de confiance mutuelle.

L'intégration de la technologie logicielle américaine, de la précision allemande et de la générosité bavaroise a donné naissance à un partenariat durable et empreint de confiance mutuelle.
Erke Wang

… tout ceci est international, n'est-ce pas?

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Le groupe CADFEM est actif dans de nombreux pays et continents. | © CADFEM

 

EW: Nous avons toujours eu un esprit international. Le groupe CADFEM met cette conviction en pratique et l'expertise, les services et la technologie de CADFEM sont utilisés dans le monde entier.  

MH: Grâce à notre présence internationale et implentations régionales, les clients sont accompagnés dans leur langue, leur fuseau horaire et leur culture. Chaque filiale du groupe bénéficie également des synergies en termes de connaissances, de spécialisation et de gestion des capacités. Ce qui distingue également l'écosystème du groupe CADFEM, c'est qu'en plus de la connexion avec Ansys, il comprend des partenaires ayant une expertise particulière en matière de simulation dans les domaines de la médecine, de la mobilité, de l'urbanisme, de l'énergie, du Big Data et de l'IA, par exemple.  

 

Nous y revoilà, l'IA. Merci beaucoup pour cet entretien.

L'entretien a été conduit par

Alexander Kunz

CADFEM Germany GmbH

+49 (0)8092 7005-889
akunz@cadfem.de

Rédacteur

Klaus Kuboth

CADFEM Germany GmbH

+49 (0)8092 7005-279
kkuboth@cadfem.de